CRITIQUES DE LIVRES
6 MOIS A 6 000 MÈTRES
par Sir Edmund Hillary et Desmond Doig.
Plon, Paris.
(Revue " La Montagne et Alpinisme" - No 45, Décembre 1963)
Ce livre, qui a paru en langue anglaise sous le titre High in the thin cold air, et qui est le récit de l'expédition 1960-1961 à l'Himalaya, est construit en 3 parties.
Dans la première partie, Desmond Doig, correspondant de presse à Calcutta, nous fait parcourir avec lui les collines népalaises et les hautes vallées du pays Sherpas. Il y découvre à son tour cette race merveilleuse de Sherpas et leurs qualités humaines qui font de ces hommes les compagnons indispensables pour la conquête des plus hauts sommets de notre planète. Il nous donne aussi quelques éclaircissements sur l'énigmatique " homme des neiges ".
La deuxième partie traite du projet initial de l'expédition : étude physiologique sur le comportement de l'homme, en séjour prolongé à très haute altitude. Ce n'est pas un récit de résultats scientifiques que Sir Edmund Hillary nous donne, mais plutôt de petits faits tels que : la recherche d'un emplacement d'hivernage, la construction d'une cabane laboratoire aux pieds de l'Ama Dablam, ce magnifique sommet étant gravi pour la première fois par quatre membres de l'expédition.
Ces expériences et cette préparation à l'altitude avaient pour but final l'ascension du Makalu, sans l'aide de l'oxygène, et il me semble que pour Hillary, c'était le principal mobile de cette aventure. Depuis sa tentative de 1954, le Makalu le préoccupait. Cette fois encore, un accident pulmonaire l'éloigne de cette conquête. Après son départ, le manque de direction de l'équipe se fait sentir et se traduit, malgré le courage remarquable des équipes d'assauts, par un échec, et ce n'est qu'une succession de miracles qui empêchent la mort de plusieurs hommes.
La troisième partie est donc consacrée au récit de cette dernière phase de l'expédition ; il nous a paru confus, et en y ajoutant la traduction très fantaisiste des altitudes, il est difficile de situer les événements sur la montagne, même pour qui connaît les lieux.
La mauvaise traduction ne se limite pas aux altitudes, il est regrettable que des éditeurs se contentent de traducteurs ne connaissant rien à ce qu'ils traduisent. A regretter aussi le manque total de photos qui sont, à notre époque, l'indispensable complément de tous récits d'explorations, absence ici d'autant moins explicable que, par ailleurs, l'ouvrage est bien édité.
Jean BOUVIER.