CRITIQUES DE LIVRES
UNE PASSION POUR L'OISANS
par Jacques BUSSILLET.
Photographies et Autochromes du Dr. Henri Bussillet
Livre relié au format 260 x 260 mm - 108 pages tout quadri
ISBN 2-913280-02-1
38 € - Franco 40 €
EBS Editions - 22, Chemin de Cache-Boulie
71850 Charnay-les-Macon
Tel 03 85 29 12 09 - Fax 03 85 29 05 49
Dés sa plus tendre enfance, Jacques Bussillet a parcouru les sentiers de la Vallée du Véneon, avec son père et son grand-père, le Docteur Henri Bussillet. Celui-ci, grand amateur de photographie et ami d'Auguste Lumière, profitait de chaque occasion pour s'échapper de l'hôpital de Lyon où il travaillait pour aller se ressourcer en Oisans, avec pour premier objectif de photographier les villages, les gens et les montagnes.
De l'importante collection de clichés soigneusement préservés par son grand-père, Jacques Bussillet a choisi plus de cent images, parmi lesquelles des Autochromes Lumière, les premières photographies en couleurs.
Henri Bussillet prenait également des notes de ses randonnées, qui fournissent un contexte aux images.
Souvent parfaitement composées, ces photos sont l'uvre d'un véritable photographe, qui pourtant disposait d'un matériel bien sommaire, comparé à nos instruments modernes (un Gaumont 6x13, probablement un Stereospidos). " La meilleure preuve que la photographie est un art, et même un grand art, découle du fait que ce sont toujours les mêmes qui nous offrent de bons clichés, et toujours les mêmes qui nous en donnent de mauvais. Peut-il exister une preuve plus péremptoire ? " : Henri Bussillet était un artiste, qui disait aussi qu' " une ascension sans prise de vue m'apparaissait pour ainsi dire vide de sens ". Il avait compris ce que j'ai mis du temps à réaliser : il faut absolument un personnage, pour donner l'échelle de la photographie de montagne.
Reproduites dans leurs teintes originales, parfois grisées, souvent sépia, les photos sont des documents exceptionnels sur l'habitat de la vallée, et l'étendue des glaciers au début du vingtième siècle. Les Autochromes manquent un peu de netteté, mais cela est dû au procédé, qui consistait à photographier trois fois le même sujet, en utilisant des filtres, et sur une plaque dont la couche sensible était constituée de grains de fécule de pomme de terre Le résultat, qui s'approche du pointillisme, est cependant fort agréable
L'auteur a peut-être eu quelques difficultés à classer les photos, et à ordonner les chapitres : pourquoi, par exemple, avoir placé l'ascension du Mont-Blanc en tête de l'ouvrage ? Et pourquoi avoir mis des photos du Glacier Blanc dans le chapitre sur la Vallée du Vénéon ?
Je pense également que certaines photos ne méritaient pas d'être autant agrandies, et il aurait été instructif de placer des photos récentes à côtés de certaines photos anciennes, pour mieux mesurer le passage des ans Cette comparaison aurait pu faire l'objet d'un chapitre, pour ne pas troubler l'homogénéité de l'ensemble. La mise en page des photos n'est par ailleurs pas toujours très harmonieuse.
Je note encore que " le refuge Janssen " était un observatoire astronomique, et non une station météo, et qu'il n'a pas été détruit " lorsque s'exprima la volonté de laisser le sommet vierge de toute construction humaine ", mais il s'est enfoncé dans les glaces du sommet (voir " Le Mont-Blanc ", de Charles Durier, annoté par Charles et Joseph Vallot : ils connaissent l'histoire ). Enfin, la Cime du Vallon est confondue avec la Pointe du Vallon des Etages, qui n'a pourtant rien à voir. Mais bon...
Le texte est un peu inégal, et peut-être n'est-il pas pas totalement à la hauteur des illustrations. J'aurais aimé rêver un peu plus, comme dans le chapitre " Une journée au Lac Noir ", où les souvenirs personnels de l'auteur transparaissent : on se retrouve, avec lui, en culotte courte, sur ces chemins peu fréquentés
Il en reste que ce livre est un document exceptionnel, qui m'a
donné bien envie de retourner dans ces vallées cachées,
pour en constater, l'appareil photo à la main, combien ces paysages ont
changé
Daniel MASSE.