CRITIQUES DE LIVRES
TENZING DE L'EVEREST
par James Ramsay Ullman.
Arthaud, Paris, Grenoble.
(Revue " La Montagne" - No 5, 1955)
Dans les pâturages du Solo Khumbu, un petit sherpa garde des troupeaux de yaks en contemplant la Chomolungma, la montagne "si haute qu'aucun oiseau ne peut la survoler". Hanté par le désir de connaître le monde, il quitte sa vallée natale et, avec des fortunes diverses, parcourt mille pays étrangers du Tibet au Pakistan mais ses pensées reviennent sans cesse à la montagne de son enfance. Premier à conquérir le plus haut sommet du monde, il devient un homme universellement connu, un héros national. Telle est l'extraordinaire aventure que Tenzing Norgay, sous la plume de J. R. Ullinan, nous invite à suivre.
Ce livre n'est pas seulement un étonnant conte de fée où la poésie de la vie orientale alterne avec le mystère des hauteurs désolées ; il est aussi et surtout un témoignage humain profondément attachant. Tenzing a parcouru une "longue route" à la découverte du monde extérieur et de lui-même. Ses réflexions sur sa famille, ses camarades, ses "sahibs" sont pleines de saveur ; ses observations sur les sujets les plus divers, politique, civilisation, religion... dénotent un singulier mélange de bon sens, d'objectivité et d'humour.
Faut-il ajouter que l'histoire de l'Himalaya, vue par le premier des sherpas, apparaît sous un éclairage nouveau ? L'ascension de l'Everest, dépouillée des brumes créées par les passions, retrouve la simplicité de toute oeuvre vraiment grande : "L'Everest ne mérite rien moins que la vérité".
En fermant ce livre, on a l'impression de quitter un ami, un "frère humain" dont la profonde sagesse peut nous servir de guide sur les "hautes routes" de la vie.
André VIALATTE