CRITIQUES DE LIVRES
LES ALPES QUE J'AIME...
par Maurice Herzog, Max Aldebert, Guillaume Hanoteau et Michel Serraillier.
Sun, Paris.
(Revue " La Montagne et Alpinisme" - No 43, Juin 1963)
L'ouvrage veut donner, pour l'initiation du grand public, une synthèse des merveilles des Alpes, depuis les villes et leurs habitants jusqu'aux grandes cimes. On y trouve donc, avec des évocations historiques assez classiques, un commentaire lyrique à de très belles photographies.
L'alpiniste sera déçu qui, au reste, sait depuis longtemps que l'Alpe, pas plus que la Science, ne peut inspirer poésie ou musique ou peinture, à quelques brillantes exceptions près, depuis Rey, Lammer, Dalloz ou Tézenas.
Seul Herzog soulève un coin du voile dans l'introduction relatant ses premiers contacts de jeune garçon avec l'univers stérile de la haute montagne. Et il lance cette parole qui, elle, nous atteint : "Aime-t-on son reflet dans un miroir ?". Comme sont démunis de cette émotion durable d'une approche personnelle ceux qui, aujourd'hui, ne sont plus attirés en tremblant, mais conduits, encadrés.
Ce livre est plus une incitation à connaître qu'à comprendre et à éprouver. Mais, tel quel, il remplit son but et poussera certains à y aller voir, dédaignant le folklore des vallées qui n'est pas l'humain ou la grâce des lacs et des forêts qui est autant le Jura que les Alpes, pour atteindre le domaine splendidement mystérieux où, avec Herzog, il ne reste plus qu'à offrir sa présence et être fidèle.
Qui remarquera, sur la couverture, une échappée
sur les versants nord du Pelvoux et du pic Sans Nom présentée
à l'envers ? Mais on pourra s'exalter, comme en rêve, aux images
non titrées de certaines belles cimes et goûter le très
singulier "digest", par Aldebert, des grandes heures des Alpes.
Et peut-être, en effet, ce livre fera-t-il naître un intérêt,
une inquiétude, une passion...
Henri SALIN.