CRITIQUES DE LIVRES
ALPE NEIGE ROC
Marguerat Lausanne
(Revue " La Montagne et Alpinisme" - No 38, 1962)
Trois volumes ont été publiés sous ce titre pour 1959, 1960 et 1961, respectivement.
II s'agit, en une impeccable et luxueuse présentation grand format, d'un digest annuel de l'alpinisme, rassembalnt textes et photographies sur des thèmes variés.
Il est malheureusement impossible de rendre compte en quelques lignes de la nature et de la richesse de cette documentation. Tant a été écrit sur la montagne et l'alpinisme qu'on reste stupéfait de voir rassembler des textes qui apportent du nouveau, par leur accent, leur humour, leur conviction.
Ce sont des récits de jeunesse de Maix ou Hiebeler d'une criante spontanéité ; des évocations de grandes figures passées : M. Anderegg, V. Sella, J. Knubel ; les présentations d'écoles d'escalade peu connues comme les sommets du Rätikon on les grès de l'Elbe bénéficiant de conventions de manoeuvre bien singulières et d'un gradisme dépassant le " Sesto ".
Le folklore n'est pas absent : détails ignorés sur l'or des Alpes ou du Pérou, scènes vécues en Savoie par Germain, ethnographie des Baltis et Chitralis présentés en son habituel humour poétique par Maraini.
Bien entendu, ce sont aussi des récits d'expéditions lointaines sortant du banal habituel au genre : expédition suisse avec avion au Dhaulagiri, expédition féminine au Cho Oyu faisant revivre l'attachante figure de Claude Kogan dont cette entreprise est le vrai témoignage.
La science enfin est présente : orchidées de montagne, révélation de l'existence d'un Institut à Lausanne pour l'étude "in vivo " de la faune alpine, présentation des travaux de la seconde année polaire concernant les aurores boréales.
Mais il n'y a pas que ce qui a été vécu ou senti, il y a ce qui a été vu. Les photographies en pleine page renouvellent la splendeur de ce que nous croyions connaître et de ce que l'on nous avait montré. Presque toutes sont d'une surprenante beauté et il est difficile de n'en citer que le plus magnifique, le plus insolite. Sont ce les " miroirs " de l'Argentine ? les scènes d'escalade artificielle à la Cima del Banco? Ou ce renouvellement des aspects qu'on croyait définitivement enregistrés du massif du Mont Blanc, par des clichés à la fois aériens et hivernaux ? Une mention spéciale doit être faite des décourageantes solitudes de l'Alaska qui laisseront rêveurs bien des jeunes et occuperont plusieurs générations. Et également des montagnes de l'Antarctique, clichés de l'U.S. Navy, qui hérissent leurs formes alpines au dessus d'immensités glacées plus décourageantes encore jusqu'aux 4900 mètres du mont Sentinel dont la vision aérienne termine le volume 1961 par un inquiétant point d'interrogation.
Henri SALIN.