CRITIQUES DE LIVRES
ALPINISTE, EST-CE TOI ?
Alain de CHATELLUS.
Arthaud, éditeur à Grenohle, Paris. N° 20 de la collection Sempervivum, dirigée par Félix Germain.
180 pages de texte et 16 pages d'illustration
(Revue " La Montagne" - No 363, 1953)
Alain de Chatellus, dans ce livre, dresse le bilan de sa carrière d'alpiniste. Et sa carrière, ce n'est pas seulement une liste de courses, c'est une somme, combien plus estimable, de joies totales, d'émotions intensément vécues, d'échecs, de succès, les uns et les autres confondus par le souvenir dans un même émerveillement. Une sorte de nostalgie plane sur cette oeuvre : notre ami Alain de Chatellus a de longues années devant lui pour s'adonner à sa passion de la montagne, mais le fait qu'il ait estimé le moment venu de livrer un témoignage de son expérience semble marquer dans son esprit la fin d'un cycle. Son témoignage est celui d'un vieux routier de la montagne, blasé de tout ce qui entoure, complique ou compromet l'alpinisme, mais émerveillé de constater qu'une longue pratique n'émousse pas le moins du monde un attachement toujours neuf.
Dans sa forme, ce livre est une sorte de conversation à bâtons rompus où les réflexions sur l'évolution de l'alpinisme se mêlent à l'évocation des grandes figures disparues. Les enchaînements sont quelque peu décousus et cela désoriente un moment pour ensuite conférer à l'ensemble un charme très personnel.
Ses considérations diverses, à propos de la dextérité des guides notamment, n'emporteront pas l'adhésion de tout le monde, mais chacun lui saura gré de faire front à tous les obstacles, de régler leur compte à tous les faux alpinistes avec une lucidité, une vigueur et une sincérité extrêmes. Certes, le monde alpin a ses plaies et il est bien qu'une haute figure comme Alain de Chatellus les mettent courageusement à vif.
L'auteur nous a habitué aux belles photographies, il nous a rendu exigeants et il semble que son choix ostensiblement peu spectaculaire soit allé un peu loin dans ce sens. Elles sont toutes nouvelles et s'attachent à nous montrer des versants et des paysages sous des aspects inhabituels et non conventionnels c'est leur principal intérêt.
Gérard HERZOG.