CRITIQUES DE LIVRES
DAMES ALPINISTES
par Cicely WILLIAMS
Traduit de l'anglais par Félix et Jeanne Germain.
(Arthaud, Paris. 1979)
(Revue " La Montagne et Alpinisme" - No 120, 1980)
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Publié en anglais voici près de cinq ans, cet ouvrage vient seulement de sortir en France. II dresse l'histoire de l'alpinisme féminin des origines à 1974, débutant, comme il se doit, par les motivations pécuniaires de Marie Paradis, pour enchaîner sur la volonté tenace d'Henriette d'Angeville. Ce sont ensuite près de cent cinquante dames alpinistes qui leur succèdent tout au long du volume. Le sujet était neuf : le fameux ouvrage intitulé Les alpinistes célèbres n'avait consacré que trois pages, mais brillantes, à l'alpinisme féminin. Un tel livre méritait donc d'être écrit, mais celui-ci appelle quelques réseres et tout d'abord la plus importante : si la partie proprement historique est assez correcte, l'époque contemporaine est faiblement traitée et les lacunes sont nombreuses, notamment hors du champ de l'Europe occidentale. |
Est-il d'autre part nécessaire, parce qu'il s'agit d'alpinisme féminin, d'utiliser le petit bout de la lorgnette et d'adopter un style que nous qualifierons, poliment, de gnangnan ? Est-il suffisant de peupler l'ouvrage de présences féminines en n'accordant à la montagne elle-même qu'un pâle rôle de décor ? Est-il normal que la valeur des exploits accomplis ne fasse jamais choc sur le lecteur ? Que soient passés sous silence de grands moments qui auraient mérité, sinon de longs développements, du moins une phrase saisissante ? Enfin, la détestable habitude journalistique de désigner tout un chacun par son prénom est ici utilisée sans discrétion aucune et l'on se noie dans les Nini, Lizzie, Lily, Lucy, Mary, Mollie, Fanny, Nancy, Betsy et autres Dorothy... L'auteur - pardon, Cicely - aurait bien fait d'éviter ce travers. Quoiqu'il en soit, et même si nous devons faire encore reproche à l'éditeur français d'avoir supprimé toute illustration, et même s'il faut considérer que l'histoire vraie de l'alpinisme féminin reste à écrire, il faut reconnaître à ce livre un mérite, qui n'est pas mince, et qui est celui d'exister. Anne SAUVY. |