CRITIQUES DE LIVRES

ECLAIREURS-SKIEURS AU COMBAT

par Jacques Boell.

Arthaud, Paris, Grenoble.

(Revue " La Montagne et Alpinisme" - No 42, Avril 1963)

Au lendemain de la guerre, en 1946, Jacques Boell avait fait paraître S.E.S. au combat (S.E.S. = Section d'Eclaireurs-Skieurs). Cet ouvrage, relatant les batailles qui s'étaient livrées le long de notre frontière des Alpes, était encore tout chargé de passion, d'animosité, héritages bien normaux d'une guerre qui venait à peine de se terminer.

Aujourd'hui, Boell nous offre une nouvelle édition de son livre. Il y raconte les mêmes faits, mais cette fois de façon plus sereine. Les années ont passé qui ont permis aux sentiments de se décanter, à la haine de s'éteindre, pour que seuls demeurent l'estime et le respect qu'éprouvait le combattant français pour un adversaire qui, comme lui, se battait âprement en terrain difficile, et qui, comme lui, souffrait des rigueurs de l'hiver alpin.

L'ouvrage s'est enrichi de récits où les combats sont vus du côté de l'ennemi. Cette façon de conter, non seulement apporte de la variété, mais elle prête aux événements beaucoup de vérité.

On retrouvera, dans le chapitre "Le Prisonnier de la Ronce", l'épisode illustré dans le film Les Eloiles de Midi : l'aventure héroïque de ce caporal des Gebirgsjäger qui, plutôt que de se constituer prisonnier, préféra faire le saut de la mort. On y lira la relation de la bataille qui, en 1945, eut pour théâtre la Vallée Blanche. On y apprendra les traits de bravoure qui marquèrent, en cette même année, les combats meurtriers de Maurienne.

Ici et là, comme toujours dans la vie, le comique se mêle au tragique, et l'on rencontre des scènes amusantes. Telle est celle où deux éclaireurs, en mission de reconnaissance, la nuit, prennent les murmures gutturaux d'un troupeau de moutons invisibles pour les conciliabules en allemand d'une patrouille ennemie.

Ce livre, tout à la gloire des chasseurs alpins, devait être écrit. C'est un livre d'histoire, comme on voudrait en lire beaucoup. Il est vivant, plein d'enthousiasme, de sentiments humains, d'amour de la montagne.

Micheline MORIN.

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