CRITIQUES DE LIVRES

EVEREST (Micheline Morin)

ANNAPURNA (Maurice Herzog)

 

 

Annapurna : 192 pages de texte, 13 planches couleur et 40 lavis noirs de A. Brenet

Everest : 208 pages de texte, 13 planches couleurs et 40 lavis noirs de A.-J. Veilhan

Arthaud éditeur, Paris, Grenoble. N° 1 et 2 de la Collection Les Vertes Années.

(Revue " La Montagne" - No 364, 1953)

 

Ces deux livres de montagne inaugurent une collection destinée à la jeunesse. L'épopée de l'Everest et celle de l'Annapurna entrent donc toutes vivantes dans l'histoire, ou mieux dans la légende, puisqu'ainsi les héros alpins prendront place dans l'Olympe enfantin aux côtés de Roland, de Surcouf, de Mermoz, de toutes les grandes figures de l'aventure.

Avec la conscience et l'esprit que nous lui connaissons, Micheline Morin nous retrace toutes les batailles pour l'Everest, tous les glorieux échecs, le long calvaire de chaque expédition pour qu'enfin deux hommes, un Britannique et un Indien, foulent pendant un quart d'heure le plus haut sommet du monde.

Le récit est un historique complet, une somme de ce que l'on connaîf de l'Everest, de ses approches, de sa géographie, de ses terribles défenses, avec le récit détaillé des expériences de toutes les expéditions anglaises et suisses qui se sont mesurées avec lui. Le livre a le défaut de ses qualités : il est un peu sérieux. Mais il y gagnera de pouvoir être lu non seulement par les adolescents mais par leurs parents. J'aurais aimé trouver quelques dialogues dans ce texte, vivant mais un peu dense et que sa typographie ne contribue pas à alléger. On le lit cependant avec beaucoup d'intérêt dès qu'on est pris par l'action, même quand il s'agit de tentatives dont on a déjà lu le récit écrit par les alpinistes eux-mêmes, parce qu'il est intéressant de prendre ainsi facilement une vue d'ensemble sur les luttes opiniâtres qui ont été nécessaires pour que la victoire devînt possible. Le mot "inhumain" vient à l'esprit quand on prend conscience des souffrances endurées. Et pourtant c'est le meilleur de lui-même que l'homme s'efforce de donner à la montagne.

On retrouve en grande partie dans le livre de Maurice Herzog l'admirable récit d'Annapurna, premier huit mille, avec des coupures et des modifications qui en font une histoire passionnante même pour un jeune enfant. Je l'ai fait lire à mon fils de dix ans qui ne pouvait plus s'en arracher. Le ton est merveilleusement juste, les dialogues soit nombreux, les personnages bien individualisés et le choix des caractères typographiques, plus gras et plus espacés que pour Everest, rend la lecture plus facile. Il y aura avantage à faire lire Annapurna avant Everest, le premier préparant le jeune lecteur à la compréhension du second.

Les illustrations des deux volumes sont charmantes, les gouaches de A. Brunet pour Annapurna sont particulièmcmcnt fraiches et. vigourcuses ; celles de A. Veilhan pour Everest, plus classiques, ont une distinction qui leur ôte un peu d'élément dramatique.

Nicole LEIN1NGER