Alors que j'écris ces lignes, aprés avoir lu le livre, c'est l'été - et les vacances : une période favorable pour travailler un peu l'anglais, et surtout pour commencer à faire des plans d'ascension pour l'hiver et l'été prochain. En effet, il est beaucoup trop tard pour mettre en pratique les conseils de Mark Twight pour cet été...

Mark Twight fait partie de cette catégorie d'alpinistes extrêmes dont on se demande s'ils ne sont pas des extra-terrestres : ils réalisent en quelques heures des courses extrêmement difficiles que d'excellents alpinistes parcourent en plusieurs jours. Mark Twight est de la même école que Erhard Loretan et Jean Trollet...

Mais comment fait-il ?

Ce n'est pas un hasard. Dans ce livre, il nous explique absolument tous les détails de la préparation et de l'exécution de ces courses extrêmes, avec toutes les explications nécessaires pour expliquer ses choix.

Le principe de base est simple : plus on grimpe rapidement, plus on est en sécurité. Il faut donc se préparer mentalement et physiquement, et savoir grimper trés léger - tout en respectant scrupuleusement les conditions de sécurité.

Il faut donc commencer par se préparer psychologiquement. L'alpinisme est d'abord un challenge intellectuel, plutôt que physique. Il faut apprendre à se connaitre, pour être bien certain que l'on est suffisamment motivé - et il faut être motivé pour vouloir suivre les traces de Mark Twight...

Ensuite, il faut évidemment se préparer physiquement. Le programme est de 20 semaines de travail, essentiellement en salle de gym, à raison de plusieurs heures par jour : mise en forme (5 semaines), développement musculaire (5 semaines), endurance cardiaque (5 semaines), endurance musculaire (4 semaines), repos "actif" (2 semaines), repos total (1 semaine). Evidemment, les phases se recouvrent, et aboutissent à une période de performances optimales, d'une durée moyenne de 2 semaines (et oui, seulement deux semaines...). Il faut donc bien calculer son programme, pour être au maximum de sa forme au moment de réaliser l'ascension visée. Et il faut également recommencer tout le programme, si l'on souhaite à nouveau grimper en hiver... Mark Twight décrit en détail les exercices qu'il recommande, en expliquant la finalité de chacun.

Ensuite, il faut apprendre à s'alimenter correctement. Apprendre comment s'alimenter pendant les périodes de récupération comme dans l'effort. Apprendre également à boire : le corps perd environ 1,5 litres d'eau à l'heure, en altitude et pendant l'effort. Comme il est impossible de remplacer cette quantité d'eau au fur et à mesure, il faut apprendre à boire, et connaitre les moyens d'assimiler cette eau. En pratique, il est essentiel de boire environ 0,5 litres d'eau à l'heure, ce qui implique donc de s'arrêter toutes les 10 heures environ, pour faire fondre la quantité nécessaire de neige.

Il faut ensuite apprendre à s'habiller : pour conserver la chaleur, et permettre à la sueur de s'évaporer, il faut que les vêtements les plus proches du corps soient semi-perméables, et que les vêtements extérieurs soient plus perméables encore. Pas de coton ni de laine. A l'extérieur, un vêtement en microfibre, trés perméable, et non en GoreTex, insuffisamment perméable. Et si vous devez choisir un vêtement résistant à la pluie, pensez qu'il existe d'autres matières, plus perméables que le GoreTex.

Choisissez avec soin votre matériel d'escalade, harnais, piolets, crampons, ancrages, cordes, etc... Mark Twight rentre dans le détail de chaque pièce (la même corde ne doit pas être utilisée pour plus de 4 courses difficiles).

Apprenez enfin à progresser en sécurité absolue, et décidez si vous devez bivouaquer (Mark Twight préfère, quand c'est possible, continuer de nuit).

Ah oui : il y a encore le compagnon de cordée, dont le choix est essentiel...

Evidemment, me dira-t-on, tout le monde n'a pas l'intention de s'attaquer à des voies extrêmes. Certes. Mais la plupart de ces conseils sont applicables dans tous les cas : qui peut le plus peut le moins...

J'ose espérer qu'un éditeur français aura la bonne idée de faire traduire cet ouvrage, qui serait fort utile à beaucoup...

Daniel MASSE.