CRITIQUES DE LIVRES

GUIDES DE HAUTE MONTAGNE

par Jean-Olivier MAJASTRE et Erik DECAMP

( Ed. Glénat, Grenoble. 1988 )

(Revue " Montagne et Alpinisme" N°1 - 1989)

Parlons un peu de cet ouvrage de « science » en forme de miroir et de clin d'oeil, qui est l'oeuvre d'un non-guide et de deux traîtres à la profession. Le premier s'appelle Majastre Jean-Olivier; depuis des années, il lorgne les guides comme le font les rapaces depuis leur repaire. L'aire de Majastre s'appelle l'Atelier de recherches sociologiques et anthropologiques de l'université des sciences sociales de Grenoble... Ses précédents travaux sur les hôpitaux psychiatriques l'ont naturellement poussé à manipuler deux esprits fragiles au sein de la profession de guides : ceux que j'ai appelé tout à l'heure les traîtres, les deux autres, ses soi-disant coauteurs, pour ne pas dire délateurs.


A l'un, Majastre glisse un appareil photo pour surprendre les guides dans leur maison, avec leurs chats, leurs chiens, leurs enfants, leur femme ou dans des activités ludiques qu'ils cachaient en leur jardin secret. Pour ne pas qu'on connaisse ses intentions, Majastre entoure la téte de son « homme déclic » avec des bandages et lui délivre des faux papiers : Max Le Borgne sera l'oeil perçant et torve de son entreprise de démystification visuelle et mentale.

Passons à l'autre traître, le grand blond. Érik Decamp, l'ingénieur trop polytechni­cien pour être honnête... Le diabolique Majastre, qui avait déjà réussi à immiscer Decamp dans les rangs des professeurs de l'École nationale de ski et d'alpinisme (E.N.S.A. de Chamonix), va envoyer ce spécialiste de l'intelligence artificielle décortiquer - que dis-je? disséquer! - la musculature cérébrale des guides...

Au total, ce livre sur les Guides de haute-montagne est à leur profession ce que Vo/ au-dessus d'un nid de coucou est à la psychiatrie : une chirurgie de trépanation qui fend en deux nos casques pour voir ce qu'il y a dedans et qui, en dernière analyse, découvre que les guides ne sont pas à l'abri des ampoules au pied.

Quant à toi, toi Max Le Borgne, si tu ne t'appelais pas Guy Martin et si tes deux gardes du corps n'étaient pas si grands, si forts et si intelligents, je te renverrai cette saleté de bouquin avec ma photo... car, ô gentil espion et vilain traître, pourquoi dans ce superbe livre as-tu oublié de me portraitiser? Amis guides et collègues, clients, touristes et stagiaires, vous l'avez compris, ce livre à acheter n'est ni à lire ni même à feuilleter. II est trop bon, bien trop bon, donc dangereux!


Bernard GERMAIN.

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