CRITIQUES DE LIVRES

LA MONTAGNE EFFACEE

ROMAN, par Patrick BREUZE

(Presses de la Cité 2011)

 

Ouvrir un nouveau livre de Patrick Breuzé : quel bonheur !

"L'air semblait fluide, saupoudré de grains de lumière qui en tissaient la trame" (p 39). "Elle remercia du bout des lèvres, du bord des mots, comme toujours lorsqu'une femme est déçue et ne veut pas le montrer" (p 58). "Seuls les sommets les plus proches se défendaient en écorchant ce qu'ils pouvaient de ce drap de deuil trop épais à leur goût" (p 127). "La neige filait fin son tissu d'automne, à tout petits flocons durs et piquants comme des grains d'orge" (p 137). "Le ciel était luisant, comme poncé par le froid, à peine soutenu par les pointes des sapins qui le tendaient de part et d'autre de la vallée" (p 192). "Pourtant, là-haut, les roches éperonnaient le ciel, déchiquetant les plus bas des nuages pour les jeter dans les couloirs obscurs, les transformant en brume et en brouillard" (p 230).

C'est le style de Patrick Breuzé, que je retrouve dans chacun de ses livres, et que j'adore...


L'histoire se passe sans doute vers 1930 (les conséquences de la crise de 1929 sont évoquées). A Samoëns. Léon est le guide chef de la Compagnie (oui, il n'y avait pas de Compagnie des Guides à Samoëns, mais il s'agit d'un roman...). Respecté de tous, il a connu une carrière sans reproches. Armande, son épouse, le soutient de toutes ses forces, mais elle a perdu le seul enfant qu'ils ont failli avoir... Il aime profondément Armande, mais il a un jour été séduit par une cliente, une jeune et belle Lyonnaise... Maintenant, sa mémoire lui joue de mauvais tours : parfois, il se souvient parfaitement de tous les détails, mais parfois il ne sait plus très bien, et confond les souvenirs... Ne comprenant pas ce qui se passe, Armande suspecte qu'il s'est mis à la boisson... Et sa position de guide-chef est remise en question.

Un banquier lyonnais lui demande un jour de l'emmener chasser le chamois. C'est un homme autoritaire, peu sympathique. Confus, Léon fait une erreur grave, et le banquier parle de lui faire un procès, dont il faudra bien supporter les frais...

Et le livre se termine sur un coup de théatre...

Dure vie d'un homme simple et droit, dans des conditions que l'on a maintenant un peu oubliées, mais qui étaient celles des pays de montagne, il n'y a pas si longtemps. L'auteur a parfaitement restitué cette ambiance, qu'il connait visiblement fort bien.

Un délice !


Daniel MASSE .

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