CRITIQUES DE LIVRES
ENTRE MONTAGNES ET DESERTS
Par Jean-Marie CHOFFAT
(La Maison de Papier 2010)
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Alpiniste de trés haut niveau, et également écrivain, Jean-Marie Choffat nous fait partager sa passion de la montagne et de l'escalade, qui l'habite depuis maintenant 40 ans... Issu d'un modeste milieu franc-comtois, Jean-Marie découvre la montagne un peu par hasard, lors d'une colonie de vacances de Peugeot. Ce fut le coup de foudre. A partir de cette date, tout son temps libre fut consacré à la montagne et à l'escalade, dans les falaises de l'Est de la France, et, chaque fois que possible, dans les Alpes, et ailleurs. Il a la chance d'effectuer son service militaire à Grenoble - et connait alors son premier drame de montagne. Aprés cet intermède militaire, Jean-Marie est prêt à tout pour rester à proximité des montagnes (et "tout" n'est pas un vain mot : il sera même fossoyeur, pendant plusieurs mois !).
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Ayant organisé de nombreuses conférences sur la montagne, il accepte bientôt d'être lui-même conférencier, et parcourt les salles de France et d'ailleurs, pendant plusieurs années : ce métier lui laisse le temps de grimper ! Yannick Seigneur l'invite en 1980 à l'accompagner au Hoggar : Jean-Marie adore ! et retournera de nombreuses fois dans le désert, souvent avec Yannick. Ses aventures seront le sujet de son livre, "Aventures sahariennes - La montagne au désert " (Editions Alzieu 2002). Il va également en Norvège, dans les cascades de glace légendaires d'Ecosse, au Mali, en Espagne, au Maroc, au Mont Kenya (3 fois !), en Terre de Baffin, au Pamir, en Iran... Mais, fin 1990, sa vie bascule, avec la découverte de ce rare cancer du foie, qui l'entraine dans une suite infernale d'opérations, traitements, etc... pour finir par une greffe du foie en 2001... Mais cela ne l'empêche pas de grimper, dès que les medecins le libèrent : entre autres, la voie du Linceul, aux Jorasses : pas une mince affaire, même pour un homme en pleine santé ! Il raconte sa lutte contre le cancer dans 2 livres : "Un homme debout" (Editions Alzieu 1996), et "La vie à pleine mains, au-delà du cancer" (Les Presses du Belvédère 2006). "Accessoirement", Jean-Marie fait partie de l'équipe organisatrice de la Foire aux Livres annuelle de Belfort, est nommé Vice-Président du G.H.M., devient membre du jury du Livre de Montagne au Salon annuel de Passy, et finalement devient sociétaire de la Société des Gens de Lettres... Et ce n'est pas fini : Jean-Marie est toujours plein d'énergie et de projets ! Son livre est donc un résumé de ses premières quarante années de montagne... Résumé dense, qui couvre 207 pages d'une écriture serrée, dont l'intérêt est grandement rehaussé par les très nombreuses photos (400 ?) prises pour la plupart par l'auteur lui-même, qui ne se sépare jamais de son appareil et qui a documenté toutes ses courses et expéditions. En regard de chaque récit, on trouve donc des images qui ont été prises en situation. Autant qu'un grand alpiniste, Jean-Marie Choffat est un écrivain - bien que ses études universitaires aient été assez courtes. Mais quand le coeur parle, la plume suit. Et Jean-Marie a du coeur, beaucoup de coeur. Le rocher, la montagne : il aime, on a vu. Il aime aussi les hommes qu'il rencontre lors de ses voyages. Il passe des nuits entières à bavarder avec eux. Et il est surtout d'une fidélité indéfectible à ses compagnons de cordée. Pascal Laheurte l'a accompagné pendant 18 ans, et l'hommage que Jean-Marie a écrit pour Pascal, après sa chute mortelle dans un rappel en Iran, est une merveille de sensibilité. Il est reproduit ici, aprés avoir été publié dans les Annales du GHM. Une autre qualité de Jean-Marie Choffat est qu'il ne recherche pas la notoriété, à laquelle pourtant ses réalisations lui permettraient de prétendre... Ses moyens modestes lui ont interdit les destinations lointaines, Patagonie et Népal par exemple, que pourtant il aurait bien aimé explorer. En posant ce livre, je n'ai qu'un regret : qu'il n'ait pas été publié dans un format un peu plus grand, et un peu plus épais, pour permettre des caractères un peu plus gros, et surtout pour accorder plus de place aux images, dont on regrette qu'elles soient si petites... Le livre aurait aussi mérité une couverture rigide, mais le prix en aurait alors été augmenté... |
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