CRITIQUES DE LIVRES
100 SOMMETS
par François LABANDE, Préface de Lucien Devies.
Arthaud, Paris, Grenoble.
(Revue " Montagne et Alpinisme" - N°3, 1975)
POUR Contre la mode, rien ne sert de discourir : il faut s'en départir à point. Il n'est que temps, pour les éditeurs, de renoncer à ces chiffres qui, ronds ou pas, ne veulent plus rien dire. Mais un titre éculé peut couvrir un livre neuf. Et bon, même si l'on peut chicaner l'auteur sur des vétilles : quelques photos pas très bonnes, d'autres pas forcément bien choisies, des cols qui ne sont pas des sommets, un mélange des genres peut être excessif (de la balade sur sentier à la course D avec pas de V). Ce livre est bon parce qu'il donne à rêver, parce qu'il donne à penser. A rêver : ce n'est pas le guide qui vous prend par la main (pour la mettre dans la prise), c'est l'ami qui vous suggère une belle course et vous donne ses raisons, sur lesquelles votre imagination peut courir. Labande situe la course, la caractérise. Vous, jouez ! A penser : ce n'est pas le guide qui ne sait que le roc et la neige. Il parle aussi de géographie, de géologie, d'histoire, d'étymologie : le monde ancien revit, et le nouveau vit : exode rural, tourisme, sports d'hiver, architecture. L'alpinisme, bien sûr, est mis en question : technique, refuges, ski, câbles du Géant, guides et clients, " topos ", grégarisme des uns, fatuité des autres, G.H.M., U.C.P.A. Labande pose ces thèmes de réflexion, et d'autres encore. Vous, méditez ! On aura compris que ce n'est pas le tout de marcher et de grimper : il faut connaître, aimer, défendre. Ce livre donne encore à agir. Un dernier mot : si l'ouvrage est limité aux Alpes entre Léman et Méditerranée, il ne prend pas la frontière pour borne. L'alpiniste français serait-il enfin guéri de la fièvre obsidionale ? Marc GABIZO |
CONTRE A première vue, cet ouvrage est non seulement utile mais encore " bien ficelé ". Le titre et la présentation font penser aux livres de C1. et Ph. Traynard. C'est un gage de perfection. Mener l'alpiniste sur des sommets choisis entre le Chablais et le Mercantour, présenter des courses de tous niveaux, voilà d'excellentes idées. On feuillette le livre : les photos sont belles, donnent envie de partir. Suivons donc F. Labande ! Sans aucun doute, l'un des auteurs du topo-guide d'Oisans saura nous conduire avec justesse et précision sur chaque sommet. Pages 98 et 99 : aiguille de la Nova. A droite, sur une belle photo du sommet, aucun tracé d'itinéraire. C'est donc sur la page de gauche que l'on va tout savoir. C'est hélas aussi sur la page de gauche que le livre révèle ce qu'il est vraiment. A côté d'une carte réduite au minimum et d'un texte qui indique tout sur les vertus du beaufort (le fromage !), on se reporte avec inquiétude aux très minces paragraphes difficulté itinéraire. On y apprend que "la descente serait aisée s'il n'y avait un passage de V à mi parcours". Quand on ne connaît pas la longueur de la descente, comment savoir où est le "mi parcours" ? Ce passage de V est-il fissure, dalle, dièdre ? On revient à la photo : la légende n'indique rien. Il en va ainsi tout le livre durant. Dans la préface, L. Devies remercie l'auteur de "nous engager sur ce chemin d'émerveillement". Engager quelqu'un sur un chemin n'est pas tout. I1 faut parfois aussi l'y conduire. On peut dire à certains : une fois dans la course, faites comme les premiers. Mais tout le monde n'est pas capable d' "ouvrir des premières". A qui s'adresse ce livre ? Claude THEILLAY. |