CRITIQUES DE LIVRES

SPITZBERG, TERRE BOREALE

 

 

Michel DESORBAY.

Editions France-Empire.

(Revue " La Montagne " - No 362, 1953)

 

Quatre jeunes lyonnais partent pour le Spitzberg. Sur le terrain ils se voient contraints de se séparer en deux groupes. Le premier se propose de résoudre un litige topographique : le Mont Newton est-il plus élevé que le Mont Perrier ? Le second tente d'atteindre le point extrême Nord du Spitzberg. Ces deux objectifs seront facilement atteints.

Si elle n'est pas le thème du livre, la faim, encore elle, est certainement le ressort dramatique de l'aventure. Elle conditionne l'action, elle infléchit les comportements, elle est en fait le seul danger réel. Ces quatre hommes connaissent les affres de la faim comme les esquimaux de P.E. Victor, à cette différence près que cela était prévu à l'avance, ce qui fausse évidemment le problème : de la métaphysique nous tombons dans l'onirisme à base de pommes frites comme le relate plaisamment Désorbay. Ce n'est plus une entité, mais une obsession et, sur le plan littéraire, un leit-motiv.

Ce n'est pas dans la narration de l'aventure, pourtant explosive, qu'il faut chercher la vraie résonance humaine, c'est dans la partie descriptive. Désorbay a le très réel don de faire voir ce qu'il voit. Certaines pages consacrées aux éléments, à la montagne, à la nature dantesque des glaciers, sont proprement excellentes. Malgré les libertés, que l'auteur prend dix fois par page avec la syntaxe, il y a par moment, un souffle, un style.

S'il ne donne guère le désir de revivre une telle aventure, l'ouvrage rend cette terre du Spitzberg attacbante par ses singularités, ses magnificences et son hostilité même. .

Gérard HERZOG.