Nullement spécialiste en montagne, j'ai hésité avant de parler du livre de Max Chamson Whymper, le fou du Cervin. L'ayant beaucoup apprécié, j'aimerais vous faire partager mon goût, d'autant plus qu'il n'est pas courant de trouver un ouvrage de vulgarisation aussi bien écrit.

Car le "sujet" n'était pas facile... Edward Whymper n'est pas le genre d'homme vers qui vont spontanément les sympathies, encore moins celles d'une femme... Max Chamson a apprécié l'alpiniste mais a su garder ses distances vers le vieux taciturne qu'était devenu le jeune homme talentueux. Graveur sur bois unanimement reconnu, Whymper découvre les Alpes grâce à une commande de l'éditeur Longman, chez qui parait la toute jeune revue de l'Alpine Club, dont il sera membre, et président. II s'avère excellent écrivain : les Scrambles amongst the Alps seront traduites en plusieurs langues. Passionné de mécanique, il fait la connaissance des directeurs du Canadian Pacific et met au point un tracé touristique le long de la ligne transcontinentale - après avoir quelque peu parcouru les Andes, en Équateur... Mais si le nom de Whymper reste accolé à celui du Cervin, c'est que le destin y a singulièrement mis en place ses héros : quatre morts atroces lors de la première ascension en 1865. Croz fait partie des victimes. En 1874, Whymper retournera sur le Cervin, accompagné de Carrel, le Bersaglier, qui le défiait lors de la première : Carrel grimpait sur le versant italien ! Ses notes précises où sont consignés menus faits et frais ne révéleront rien de ses sentiments...

A 66 ans, entre deux vérifications de comptes d'auteur, il épouse une jeunesse de 21 ans... Ils se séparèrent rapidement.

Un vie quelque peu contradictoire... Un homme, certes. Un héros, peut-être. Un exemple, non. On comprend que les Editions Académique Perrin aient publié l'ouvrage d'un érudit, qui profite des escapades de Whymper pour "faire" un peu d'histoire, un peu d'ethnographie. Un livre complet.

Candide MONTAGNE.