Christian Mollier ne défraie pas la chronique. Vous ne trouverez pas souvent son portrait sur la couverture des hebdomadaires, et vous n'entendrez pas parler de lui au journal télévisé.

Pourtant, ce discret guide de Chamonix a été un acteur de la plupart des grands évènements de la vallée : son parrain fut le concepteur du téléphérique de l'Aiguille du Midi, et Christian fut l'un des fondateurs de l'Association pour le Respect du Site du Mont Blanc, en réaction contre le projet de doublement du tunnel. Résidant au pied du glacier des Bossons, il l'a exploré et observé toute sa vie, recueillant aussi de nombreux vestiges des drames historiques, parmi lesquels le "Malabar Princess" et le "Kantchenjunga". Il était dans l'une des bennes du téléphérique de la Vallée Blanche lorsque le cable a été coupé par un avion militaire (et c'est à cette occasion que "Match" a parlé de lui), et il était en première ligne lors du fameux sauvetage des alpinistes allemands dans les Drus.

Il était également ami intime de Gérard Devouassoux, et faisait partie de l'expédition française à l'Everest, en 1974.

Il a fait de nombreuses premières, dans le massif du Mont Blanc et en Himalaya, et il a guidé des expéditions dans les Andes du Pérou...

Et, par dessus tout, Christian Mollier est un amoureux inconditionnel de la montagne... "Ma capacité d'émerveillement ne s'est pas émoussée avec l'âge, bien au contraire. Ce paysage du Mont-Blanc se révèle à moi toujours plus beau". "Je partirai tôt pour profiter du chant des oiseaux. Je retrouverai avec bonheur les vieux aroles se découpant sur la blancheur du glacier et passerai dès le mois de Juillet près de la niche aux ancolies accrochée sur le vide du glacier de Taconnaz avant de remonter les pentes fleuries de rhododendrons jusqu'aux dernières herbes drues"

Le récit de sa vie est donc d'une lecture passionnante. Il nous parle de ses parents, de leur vie dans une vallée bien différente de ce qu'elle est aujourd'hui. Il nous décrit ses premiers émois en montagne, ses premières courses avec son père, lui aussi guide à la Compagnie des Guides de Chamonix, sa décision de suivre les traces de son père, malgré son attrait pour les études de Lettre.

Il nous parle des grands guides et alpinistes qui furent ses amis : Georges Payot, Marc Martinetti (qui a remplacé Christian que Lionel Terray avait d'abord invité à l'accompagner dans sa dernière ascension, au Mont Gerbier...). Gaston Rébuffat l'a initié à l'alpinisme...

Son goût pour l'écriture ne date pas d'hier : Christian Mollier a écrit son premier livre en 1975 : "Everest 74 : le rendez-vous du ciel", puis plusieurs ouvrages historiques abondamment illustrés sur la vallée de Chamonix et le glacier des Bossons, et aussi un excellent roman : "Foehn sur le Mont-Blanc". Son style est concis, direct, sans fioritures (c'est peut-être le seul regret que peut avoir le lecteur : on aimerait parfois avoir plus de détails !). Et il utilise souvent des mots de patois chamoniard - dont il nous donne heureusement la traduction !

"Une vie à gravir" a été reconnu par une Mention Spéciale du Jury, lors du Salon du Livre de Montagne de Passy en Août 2010.

Daniel MASSE .